En 2025, la pilosité féminine continue d’agiter les débats, notamment grâce à la résonance des réseaux sociaux qui remettent en question les normes esthétiques héritées d’un passé récent. Alors que des marques comme Veet, Nair ou encore Philips développent des solutions d’épilation toujours plus innovantes, une frange croissante de femmes revendique le droit au naturel, défiant les diktats anciens qui associaient peau lisse et féminité. Le sujet dépasse le simple choix personnel et devient un terrain d’expression féministe, social et artistique, floutant les lignes traditionnelles entre soin et contestation. À travers une enquête récente, ce phénomène dévoile les contradictions d’une société qui oscille entre acceptation et pression esthétique.
La transformation des pratiques dépilatoires : vers plus de liberté corporelle ?
Les chiffres de 2025 confirment une tendance initiée depuis plusieurs années : la baisse progressive des pratiques d’épilation chez les femmes. Si encore 81 % des Françaises épilent leurs aisselles et 80 % leurs jambes, ces pourcentages ont chuté d’une dizaine de points depuis la première décennie du XXIe siècle. Cette évolution illustre une forme de libération intime où la contrainte sociale perd peu à peu de son emprise. Même la zone du maillot, longtemps un sujet tabou, voit doubler le nombre de femmes adoptant un look naturel, un bouleversement majeur initié par des campagnes comme Januhairy et relayé par des collectifs engagés tels que « Liberté, pilosité, sororité ».
L’épilation au prisme du regard social et des réseaux
Le rôle des réseaux sociaux dans cette mutation ne peut être sous-estimé. Sur Instagram et TikTok, des personnalités aussi iconiques que Julia Roberts ou Lourdes Leon affichent fièrement leurs poils, inspirant une génération qui questionne l’ancrage des normes. Pourtant, l’ombre du regard d’autrui reste déterminante. Beaucoup de femmes, comme Emma, 24 ans, ressentent encore la nécessité de s’épiler pour être perçues comme « présentables » ou séduisantes, surtout lors des rendez-vous amoureux ou en situation sociale. Ce paradoxe entre désir d’authenticité et besoin d’être acceptée illustre ce que le sociologue François Kraus appelle la « pilophobie internalisée ».
Les stéréotypes de genre sous tension : le corps féminin entre tradition et révolution
Les idées reçues restent tenaces : à 73 %, les femmes associent toujours l’absence de poils à la séduction féminine, un chiffre en légère baisse mais révélateur. Chez les hommes, ce rapport est plus nuancé. Seuls 33 % les voient comme un critère attractif, et une majorité affirme pouvoir accepter une partenaire non épilée sans préjugé. Cette divergence traduit une évolution progressive mais inégale du rapport au corps et au genre.
Le miroir déformant des diktats esthétiques
Depuis le début du XXe siècle, l’industrie de l’épilation, avec des marques leaders comme Gillette, Braun, Epilady ou encore Yves Rocher, a façonné l’imaginaire collectif autour d’un idéal glabre, amplifié par la publicité et la culture populaire. En 2025, même si certains modes s’effacent peu à peu, la pression esthétique reste palpable, notamment à travers la publicité et la médiatisation d’une peau parfaitement épilée. Le secteur high-tech s’adapte dans ce contexte avec des appareils innovants comme ceux de Silk’n ou Body’minute, qui proposent des alternatives moins contraignantes notamment pour les peaux sensibles.
Mais pour beaucoup, l’enjeu dépasse la simple technique. La réappropriation du corps s’accompagne d’un appel à la convivialité, au respect des choix individuels, et à la fin d’une chasse incessante aux poils qui pèse sur les femmes. Les débats, souvent passionnés, sur Twitter ou Facebook exposent cette fracture culturelle qui confronte tradition et progressisme esthétique.