Des remarques cinglantes Ă la porte de lâAssemblĂ©e, des rĂšglements dâentreprises au rasoir, et les rĂ©seaux sociaux bouillonnant dâanecdotes capillaires⊠En 2025, la question de lâinterdiction des dreadlocks en entreprise sâinvite partout lĂ oĂč lâon parle de sociĂ©tĂ©, dâĂ©galitĂ© et de droits des travailleurs. La coupe de cheveux, loin dâĂȘtre un simple choix esthĂ©tique, rĂ©vĂšle des enjeux profonds : identitĂ©, diversitĂ©, culture⊠et aussi vieux serpent de mer : la discrimination sur le lieu de travail. La rĂ©cente proposition de loi sur la « discrimination capillaire » fait vibrer le dĂ©bat national entre fer de lance du progrĂšs social et théùtre de la crispation collective. Les dreadlocks, tresses et coupes afro ne se contentent plus dâagiter la scĂšne musicale ou sportive : elles bousculent lâopen space et interrogent lâentreprise sur sa rĂ©elle inclusivitĂ©. PrĂȘts Ă dĂ©mĂȘler le vrai du faux ? đ§đŸâđ€
Dreadlocks en entreprise : une affaire de société⊠et de racines
Quand Steevy Gustave, fraĂźchement Ă©lu dĂ©putĂ© et ex-chorĂ©graphe au look assumĂ©, sâest entendu dire « Il faut te couper les cheveux » en franchissant le seuil de lâAssemblĂ©e, le malaise Ă©tait palpable. Si la scĂšne a choquĂ©, elle est loin dâĂȘtre isolĂ©e. De nombreux tĂ©moignages de salariĂ©s, comme on le lit sur Holizy, rĂ©vĂšlent que les dreadlocks, mais aussi les cheveux crĂ©pus, les tresses ou les tignasses rousses, sont encore vus comme des marqueurs indĂ©sirables dans certaines entreprises françaises.
- ⥠Remarques dĂ©placĂ©es lors dâentretiens dâembauche
- đ§ Pressions pour lisser ou cacher ses cheveux naturels
- đ Restrictions dans les rĂšglements intĂ©rieurs dâentreprises
- đ MĂ©fiance ou suspicion autour de certaines coupes (dreadlocks, crĂąnes rasĂ©sâŠ)
Tout cela, alors que la France affiche en grande pompe son attachement Ă la diversitĂ© et lâĂ©galitĂ© â un sacrĂ© paradoxe capillaire pour une sociĂ©tĂ© qui prĂŽne lâinclusivitĂ© tous azimuts.

Ămergence de la discrimination capillaire : comment en est-on arrivĂ© lĂ Â ?
Si lâon remonte quelques annĂ©es en arriĂšre, parler de discrimination capillaire relevait presque de la science-fiction. Les dĂ©bats tournaient davantage autour de lâorigine, de lâorientation sexuelle ou mĂȘme du poids que du motif capillaire. Tout a basculĂ© avec des affaires comme celle dâAboubakar Toure, steward pour Air France, qui sâest vu refuser le port de dreadlocks au travail, mais a finalement obtenu gain de cause en cassation en 2022.
- đ Jurisprudence Toure : tournant majeur pour les droits des travailleurs
- đ©đœâđŒ TĂ©moignages de femmes majoritairement racisĂ©es, contraintes de lisser leurs cheveux en France
- đșđž Courant importĂ© des Ătats-Unis, via le cĂ©lĂšbre « Crown Act »
Selon une Ă©tude Dove menĂ©e aux Ătats-Unis en 2023, une femme noire sur quatre sâest dĂ©jĂ vue Ă©cartĂ©e dâun poste Ă cause de sa coiffure. Un chiffre qui, en France, reste difficile Ă quantifier⊠mais le ressenti, lui, ne trompe pas.
Nouvelle loi sur la discrimination capillaire : avancée ou gadgets législatifs ?
Le projet de loi menĂ© par Olivier Serva, dĂ©putĂ© de Guadeloupe, veut inscrire explicitement la discrimination capillaire dans le Code du travail, pour protĂ©ger toutes les tĂȘtes â des dreadlocks aux tresses en passant par les crĂąnes chauves. Sâil a Ă©tĂ© votĂ© Ă lâAssemblĂ©e avec une trĂšs large majoritĂ©, son passage au SĂ©nat reste lâobjet de toutes les attentions.
- â Protection accrue pour les salariĂ©s contre les exigences capillaires des employeurs
- đŻ Impact symbolique fort : le texte met en lumiĂšre une discrimination encore taboue
- â ProcĂ©dures longues et coĂ»teuses pour les recours juridiques actuels
- đ DĂ©bat autour de l’utilitĂ© rĂ©elle de la loi (certains estiment quâil nây a pas de vide juridique)
Mais attention, certains Ă©lus nây voient quâun « droit bavard », tandis que dâautres accusent lâAssemblĂ©e de cĂ©der Ă une mode militante, ou de risquer de crĂ©er une hiĂ©rarchie des discriminations.
Des histoires (pas) tirées par les cheveux : portraits, anecdotes et société
Difficile de ne pas évoquer les icÎnes qui ont fait bouger les lignes : de Sibeth Ndiaye à Eve Gilles en passant par Audrey Pulvar, toutes ont vu leur identité capillaire scrutée à la loupe et parfois moquée sur la scÚne politique et médiatique française. Les anecdotes abondent :
- đ€ Ancienne porte-parole du gouvernement raillĂ©e pour sa coupe afro
- đ Miss France 2024 assaillie de commentaires sur ses boucles naturelles
- đ©âđ€ EmployĂ©es sommĂ©es, en 2025 encore, de <> capillaire (source)
Ce qui semble anodin pour certains devient central pour celles et ceux dont la culture et lâidentitĂ© sâexpriment justement⊠par les cheveux. Une simple coupe devient alors un Ă©tendard pour plus de progrĂšs social, ou un miroir dâun racisme toujours bien prĂ©sent dans lâinconscient collectif.
DiversitĂ©, Ă©galitĂ©, inclusivitĂ© : peut-on vraiment changer la tĂȘte de lâentreprise ?
Les entreprises aiment afficher leurs valeurs. Mais entre affichage et rĂ©alitĂ©, lâĂ©cart reste parfois abyssal ! Inscrire la diversitĂ© dans un projet de progrĂšs social demande plus quâun poster en salle de pause ou un hashtag bien senti. Les salariĂ©s, surtout issus de minoritĂ©s, attendent dĂ©sormais des actes concrets.
- đŁ Sensibilisation accrue dans les grandes entreprises
- đ©âđŒ Formation des RH pour dĂ©jouer les stĂ©rĂ©otypes inconscients
- âïž Plaidoyers de salariĂ©s pour une vraie inclusivitĂ© capillaire
- đ Politiques internes : vers lâĂ©valuation rĂ©guliĂšre des discriminations
Et sâil fallait commencer Ă faire confiance aux talents â et aux cheveux crĂ©pus, longs ou colorĂ©s â pour changer la culture dâentreprise ? Comme le rĂ©sume un conseiller RH dâune grande entreprise française : « La meilleure Ă©volution, câest celle oĂč lâon ne remarque mĂȘme plus qui porte quoi sur la tĂȘte. »